Lucioles volent
C'est le deuxième roman d'Aki Shimazaki que je lis. J'y ai retrouvé cette écriture "tranquille" et limpide qui m'avait déjà marquée. En fait, je m'y suis très mal prise puisqu'il s'agit du cinquième volet d'une série qui traite du secret. Une jeune fille, Tsubaki apprend de sa grand-mère mourante un lourd secret de famille.
On suit tout au long des 137 pages l'évolution de Tsubaki. Ses interrogations, amoureuses notamment, vont trouver leur solution dans ce que va lui révéler l'aïeule. Ce que j'ai trouvé particulièrement appréciable, c'est qu'il n'est pas question de "ma vision de la vie a changé". Pas de grands bouleversements familiaux, de révélations collectives fracassantes. On ne sait pas ce que Tsubaki va faire, sauf sur un point précis. Beaucoup de tendresse et de respect dans le regard de cette jeune fille sur sa famille. Et toujours cette manière toute en finesse de parler de la société japonaise, de ses us et coutumes, sans en avoir l'air, d'aborder des moments d'histoire (dans ce cas, la bombe A). En fait, sous son apparente simplicité, l'histoire entremêle l'Histoire, et l'histoire de ces hommes et de ces femmes, tissant des liens qu'on devine, liens complexes de souffrance, de remord et d'attachement amoureux ou filial.
C'est aussi un roman sur l'amour et la naiveté, sur les illusions déçues de femmes qui ont cru ceux qui ont fait d'elles des femmes de mauvaise vie au regard de la société, avec en regard, la beauté qui irradie d'un couple en apparence parfait, et d'autant plus beau que le mensonge n'est pas parvenu à le détruire. Le symbole des lucioles qui s'envolent, très fort, est une promesse pour ce couple.
C'est un auteur que j'apprécie de plus en plus. Je vais poursuivre avec curiosité et plaisir la lecture de ce cycle. En commençant par le début!
Hotaru, Aki Shimazaki,Leméca/Actes Sud, 2004, 137 p.